Ce vendredi 11 octobre, les ministres Catherine Vautrin et Antoine Armand ont officialisé la concession de l’A412 (Machilly – Thonon) à Eiffage. Tout le week-end, plusieurs élus ont salué sur les réseaux sociaux cette avancée, la présentant comme une “nouvelle étape” pour le désenclavement du Chablais.
Cependant, cette autoroute ne constitue pas une réponse suffisante à tous les enjeux de mobilité du Chablais. Bien que certaines infrastructures routières puissent temporairement améliorer la circulation, l’expérience montre qu'elles génèrent souvent un accroissement du trafic avec, à terme, des niveaux de saturation similaires à ceux d’avant leur construction. En conséquence, l’A412 pourrait très vite se retrouver à son tour surchargée.
En parallèle, le territoire bénéficie déjà d’alternatives ferroviaires, telles que la ligne Annemasse – Évian, desservie par les TER et le Léman Express. Avant sa mise en service, certains craignaient une faible fréquentation. Cependant, ces craintes se sont révélées infondées : la fréquentation a dépassé les attentes avec plusieurs années d’avance, et la ligne L1 Coppet – Genève – Évian est saturée aux heures de pointe. Ce succès montre l'attrait et l’efficacité du train lorsqu'une offre performante est mise en place.
Le potentiel ferroviaire de la région est encore sous-exploité, notamment avec la ligne Évian – St-Gingolph, actuellement fermée, alors que la route D1005, parallèle à celle-ci, est de plus en plus congestionnée. Le canton du Valais a déjà bouclé sa part de financement pour la réouverture prévue en 2031-2032, mais la France tarde à apporter une réponse concrète. Une réouverture rapide de cette ligne offrirait une solution durable face à l’augmentation du trafic routier.
Il est important de souligner que la Suisse a également contribué au développement du Léman Express, un projet qui s’est révélé être une réussite. Dans ce contexte, la promotion de nouvelles infrastructures routières risque de freiner les investissements et les efforts visant à renforcer un réseau de transport public efficace, qui nécessite davantage de soutien. Ce n’est pas en multipliant les infrastructures autoroutières que tous les problèmes de mobilité seront réglés à long terme.
L’A412 facilitera peut-être certains déplacements, notamment ceux entre le Chablais et Annecy, ainsi que vers la vallée de l’Arve, mais il est crucial d’investir massivement dans des solutions de mobilité plus durables. L’ARDSL plaide pour une vision plus équilibrée, avec un accent sur le renforcement des infrastructures ferroviaires sur ces deux axes.
Face aux défis du changement climatique, il est plus que jamais nécessaire de prioriser des solutions respectueuses de l’environnement. L’ARDSL propose ainsi aux élus de la région de s'inspirer des initiatives comme celles du Pays Rochois et du Faucigny, qui ont développé des réseaux de bus souples, fréquents et bien connectés. En parallèle, nous encourageons la réouverture rapide de la ligne Évian – St-Gingolph et une augmentation des trains sur le Léman Express pour assurer une mobilité durable et efficace.
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