Du 18 novembre 2024 au 3 janvier 2025, l'agglomération Grand-Lac (Aix-les-Bains et alentours) a réalisé une concertation sur son futur Plan des mobilités. Les citoyens et acteurs du territoire étaient amené à apporter une contribution en donnant leur avis sur ce Plan des mobilités, qui régiera les déplacements au sein de Grand-Lac d'ici à 2030, et au-delà.
La phase de concertation est donc à présent terminée, et Grand-Lac a fait le choix de masquer temporairement toutes les contributions. Nous publions donc ci-dessous notre contribution ARDSL, qui reste ainsi accessible au grand public.
Résumé :
L’ARDSL (Association Rail Dauphiné Savoie Léman) s’oppose fermement aux projets routiers comme l’échangeur de l’A41 à Entrelacs ou le contournement de Viviers-du-Lac, qui encouragent la circulation automobile au détriment des mobilités durables. Nous plaidons pour une modernisation urgente de la ligne ferroviaire Aix-Annecy, cruciale pour renforcer les alternatives au tout-routier dans la région. Ce projet permettrait des cadences accrues (jusqu’à un train toutes les 15 minutes sur certains tronçons) et des liaisons directes efficaces vers Lyon, Chambéry, Genève, et les zones périurbaines. Une telle modernisation contribuerait significativement à la réduction du trafic automobile, des émissions de gaz à effet de serre et à la lutte contre le réchauffement climatique.
L’ARDSL soutient également des projets comme le Service express régional métropolitain (SERM), une meilleure desserte en bus, et la réintroduction de trains de nuit reliant Paris et la Savoie. Ces mesures visent à répondre à la croissance démographique des bassins d’Annecy, Aix-les-Bains, et Chambéry, tout en encourageant un report modal massif vers les transports publics. L’association critique toutefois le manque de moyens financiers pour concrétiser ces ambitions et appelle à une augmentation du versement mobilité, dès 2025, pour soutenir ces projets structurants.
Contribution détaillée :
Projets routiers :
L’ARDSL s’oppose au projet d’échangeur sur l’A41 à Entrelacs. Ce projet favorise le trafic routier. Il convient de prioriser la modernisation de la ligne SNCF Aix – Annecy, qui dispose d’une gare sur cette commune à hauteur d’Albens.
La modernisation de la ligne permettra d’augmenter la desserte d’Albens avec la mise en place d’une cadence à la 1/2h entre Annecy et Chambéry, d’une cadence horaire entre Annecy et Lyon et la création d’un RER pour viser une desserte ferroviaire au 1/4h. Seul le développement du ferroviaire pourra réduire le trafic routier dans l’agglo Grand Lac. Ce projet disqualifie l’ambition du PDM de favoriser les alternatives au routier (bus, trains et vélos).
L’ARDSL s’oppose au contournement routier de Viviers-du-Lac. Nous demandons une meilleure desserte ferroviaire de cette commune par l’augmentation du nombre de trains entre Chambéry et Culoz et par le prolongement des trains omnibus Grenoble – Chambéry à Aix-les-Bains. Pour la desserte locale de proximité, nous demandons la mise en place d’une desserte en bus entre Viviers-du-Lac et Chambéry.
Desserte régionale et métropolitaine :
L’ARDSL soutient le projet de SERM (Service express régional métropolitain) Métropole Savoie. Celui-ci ne doit consister à arrêter partout les trains moyenne et longue distances (Annecy – Chambéry, Annecy – Valence, Genève – Grenoble, Lyon – Aix, Lyon – Annecy), mais en la création de nouveaux trains pour le trafic local comme une ligne cadencée à 15 min entre Montmélian et Entrelacs (avec des prolongements à étudier sur Rumilly, Annecy, Albertville ou Alpespace).
Grand Lac souhaite le prolongement à Aix et Chambéry du Léman Express. L’ARDSL note que la desserte ferroviaire TER entre Chambéry, Aix et Genève (via Bellegarde) est très insuffisante. Le temps de parcours est pourtant très attractif avec environ 1h de trajet entre Aix et Genève. L’ARDSL soutient le cadencement aux 2h de l’axe Grenoble – Genève 7 jours sur 7 et une cadence à l’heure en pointe. Le prolongement du Léman Express depuis Annecy, n’est pas une solution efficace pour se rendre à Genève depuis Aix avec un temps de trajet qui dépasserait les 2 heures.
L’ARDSL demande la mise en place d’une offre de bus cadencée à la 1/2h entre 21h et 0h. L’offre ferroviaire en soirée doit être assurée jusqu’à 23h/minuit dans les 2 sens entre Aix, Chambéry, Annecy, Lyon, Grenoble, Albertville et Genève.
Offre touristique :
Le lac du Bourget est très prisé en été. L’ARDSL soutient la mise en stationnement payant des parkings des plages avec en parallèle une desserte de bus cadencée à 15 ou 20 min entre Le Bourget et Aix et entre Chambéry et Aix.
La desserte du Revard doit être améliorée avec une cadence horaire en hiver (et à la 1/2h en pointe). Nous regrettons le choix de Grand Lac de ne pas publier les études menées par l’agglomération tant sur la restauration d’une desserte ferroviaire, que sur la mise en place d’un ascenseur valléen.
Objectifs et financement :
Il faut un développement massif des transports publics sur le territoire de Grand Lac, pour convaincre les habitants et les visiteurs de lâcher la voiture. Le cap de Grand Lac, c’est viser la réduction de 1% du trafic automobile en 2030 par rapport à 2019. Pour cela, Grand Lac mise sur la marche, les transports en commun et, le doublement de la part modale du vélo. Les actions figurant dans ce PDM semblent insuffisantes pour y parvenir d’ici 2030, d’autant que la modernisation de la ligne Aix – Annecy semble reportée à plus tard et que le SERM ne verra pas le jour avant la prochaine décennie.
La réussite du PDM est conditionnée à l’obtention des moyens financiers majeurs pour sa déclinaison. Ainsi pour les transports collectifs, le budget est aujourd’hui limité par le versement mobilité (VM) assez faible (0,8%). Il est incontournable d’augmenter le VM dès juillet 2025 pour donner une première impulsion au choc d’offre voulu par Grand Lac.
Modernisation de la ligne Aix - Annecy :
L’ARDSL juge indispensable une modernisation profonde de la ligne Aix - Annecy. Avec ses équipements actuels et sa voie unique, la ligne Aix - Annecy ne permet plus de répondre aux besoins d’un territoire en plein développement. Les temps de trajets se sont allongés avec la mise en place du cadencement. Les correspondances avec le Léman Express à Annecy sont dissuasives (28 min). L’espacement entre les différents trains est insatisfaisant.
Cette situation a amené la Région AURA à proposer une refonte de l’offre en 2020, supprimant la liaison directe entre Annecy et Lyon, pour développer une desserte périurbaine Chambéry - Annecy à raison 2 de trains par heure et par sens. Nous avons pu convaincre la Région de revenir en arrière dès 2022, avec un rétablissement partiel des trains directs entre Lyon et Annecy. Le rétablissement total aux heures de pointe n’a pas été possible en raison de la priorité donnée aux liaisons directes entre Annecy et Chambéry et à la saturation de la ligne.
Une meilleure desserte entre Aix et Annecy passe immanquablement par une augmentation de la capacité de la ligne, qui devra permettre à la fois :
- des correspondances optimisées à Annecy ou des trains diamétralisés (RER Groisy – Rumilly et/ou prolongement du LEX à Rumilly),
- une cadence horaire entre Annecy et Lyon (sans rupture de charge à Aix) en 1h45.
- une cadence à la 1/2h entre Annecy et Chambéry
- une nouvelle offre périurbaine entre Annecy et Rumilly et entre Albens et le sud de la Savoie.
Il faut également rapprocher le train des logements, des zones d’activités et touristiques. Cela nécessite de différencier les missions des différents TER. Ainsi il doit être la fois possible d’assurer chaque heure des trajets Lyon – Annecy en 1h45 environ, de 2 trains Chambéry – Annecy en 40 min (hors TGV) environ et une desserte horaire (voir plus) des nouveaux arrêts.
Le projet doit répondre à toutes les fonctionnalités ci-dessus afin de convaincre le plus grand nombre de financeurs possibles, allant de l'État aux intercommunalités. Les collectivités de Savoie doivent prioriser le financement de la modernisation de la ligne Aix – Annecy. C’est un projet capital pour les deux Savoie.
Une ligne Aix – Annecy totalement modernisée à horizon 2030 est de nature à permettre un report modal majeur, à contribuer à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, à la lutte contre le réchauffement climatique et à réduire la pollution sur la zone urbaine des Savoie. Cela doit aussi éviter à des investissements sur l’A41, comme sa mise à 2x3 voies ou la création d’un nouvel échangeur.
La voie ferrée relie les lacs d’Annecy et du Bourget, deux zones touristiques majeures de la Région. Elle relie aussi les sites de l’université de Savoie Mont-Blanc situés sur les agglos du Grand Annecy, de Grand Lac et du Grand Chambéry. Les départements de Savoie et de Haute-Savoie sont très dynamiques. Les populations sont en forte croissance. Le bassin de Rumilly et Grand Lac sont des bassins de population conséquents à la démographie galopante, comme le Grand Annecy.
Avec l’infrastructure actuelle, les temps de parcours des TER entre Annecy et Aix ne sont pas concurrentiels face à la voiture. Il faut en train 55 min pour aller d’Annecy à Chambéry, 40 min pour aller d’Annecy à Aix.
Les temps de parcours ont augmenté depuis 15 ans, suite aux nouveaux horaires TER mis en place lors de la réouverture de la ligne du Haut-Bugey (Bellegarde - Nantua - Bourg-en-Bresse). Nous ne pouvons que regretter ici l’inaction de l’Etat, puisque les études pour la réouverture de la ligne du Haut-Bugey avaient montré la nécessité de doubler partiellement la ligne Aix - Annecy avant 2008 pour éviter des allongements de la durée des trajets pour les TER entre Annecy et le sillon alpin.
Le projet de modernisation Aix – Annecy est la suite logique de la modernisation du sillon alpin Sud (Chambéry - Grenoble - Valence) menée lors des contrats-plans État-Région (CPER) précédents. La modernisation d’Aix – Annecy était le projet majeur de développement ferroviaire du CPER de la seconde moitié des années 2010 (en dehors de la création du Léman Express). Seules les études ont été menées à ce jour. Il est temps de passer à la phase de réalisation. L’enquête publique devait intervenir en 2022. 3 années ont été perdues depuis. Il ne faut pas attendre le CPER suivant pour moderniser la ligne Aix – Annecy.
Il ne s’agit pas de doubler la ligne là où c’est le plus facile, mais là où il y a une nécessité en fonction du niveau de desserte visé à moyen et long terme. Quelques minutes pourraient être gagnées en réduisant le temps de rebroussement à Chambéry ou Aix, grâce à la possibilité de faire entrer et sortir 2 trains de sens inverse en même temps des gares d’Aix et Annecy, à condition également de revoir les croisements des TER ou d’introduire des zones de croisement dynamique entre TER et TGV, en particulier entre Grésy et Rumilly.
Il est fondamental de garantir un sillon horaire direct entre Annecy, Rumilly, Albens et Lyon (avec arrêts uniquement à Rumilly, Albens, Aix et Ambérieu). La modernisation doit permettre un temps de parcours réduit autour de 1h45 avec des croisements dynamiques entre Aix et Annecy (et le doublement des voies en sortie d’Aix et d’Annecy).
Le phasage des travaux permet de faire peser sur plusieurs exercices budgétaires les apports financiers des partenaires du projet. Il est cependant très pénalisant pour les usagers, avec la perspective d’une double coupure pendant plusieurs années.
On ne peut soutenir une interruption de la desserte ferroviaire entre Annecy, Chambéry, Lyon et Paris pendant au moins 3 ans, qui est le scénario envisagé. La double coupure annoncée fait courir le risque que le phase 2 ne se réalise pas ou soit repoussée.
Trains de nuit et grandes lignes
Fin septembre 2016, le Gouvernement a mis fin à la circulation du train de nuit Paris – Aix – Saint-Gervais et de son homologue le Paris – Aix - Bourg-Saint-Maurice auquel il était jumelé entre Paris et Chambéry. En 2021, le Gouvernement fait marche arrière en réhabilitant et en relançant les trains de nuit en France, avec le Premier Ministre, Jean Castex, en chef de file.
Parmi les trains supprimés au second semestre 2016 et durant l’année 2017, les seuls trains de nuit dont le retour n’est pas programmé sont les trains de nuit Paris – Saint-Gervais et Paris – Bourg-Saint-Maurice. A l’heure, où les trains de nuit reviennent au goût du jour, Grand Lac doit œuvrer au retour du train de nuit.
Il offre un complément de desserte très intéressant vis-à-vis du TGV. Il permet d’arriver à Aix et à Paris dès 7h du matin, alors que :
- le 1er TGV partant d’Aix vers 6h n’arrive pas avant 9h14 à Paris du lundi au samedi
- le 1er TGV partant de Paris à 6h46 arrive pas avant 10h à Aix du lundi au samedi.
Le train de nuit permetterait de partir d’Aix et de Paris après 22h, alors que les derniers TGV partent d’Aix vers 20h et de Paris à 18h46.
L’ARDSL se bat depuis des années pour une meilleure desserte TGV des Pays de Savoie. Malheureusement, l’offre sur la ligne Paris – Annecy a connu un déclin certain ces dernières années avec une réduction d’offre estivale, puis une diminution d’offre de 7 à 5 allers-retours.
Le service fourni au départ d’Aix vers Lyon et Paris est d’une rare indigence, conduisant de nombreux habitants à recourir au transport automobile individuel et entretenant ainsi cette intoxication. Grand Lac doit défendre une desserte ferroviaire ambitieuse pour Aix et son agglomération auprès de la Région pour le Léman Express et les TER et auprès de SNCF pour les TGV.